Critique

Par Luis PORQUET (2016)

Originaire de Villers-Bocage,
Canter Briens est passé par un solide cursus qui, de l’Ecole municipale des Beaux-Arts de Caen l’a mené au Diplôme National des Beaux-Arts, en section gravure, présenté à Rouen. Il fréquenta ensuite les ateliers de gravure de MM. Cami et Coutaud à l’Ecole Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Paris. Et comme si l’expérience ne lui suffisait pas, il prépara parallèlement une maîtrise en Arts plastiques, à Paris, et une maîtrise en Sciences humaines à l’Université de Caen. Dans l’élan où il se trouvait, il aborda assez naturellement un D.E.A. de sociologie.
Nanti de ces atouts étrangement complémentaires, le peintre graveur et plasticien put développer des qualités d’observation, d’analyse et de réflexion sur la peinture et les apports de l’art en termes de thérapie, de communication, d’environnement affectif et d’expression de soi.
Car bien pensée, l’aventure esthétique prend en compte un grand nombre d’aspects et d’attributs de l’être humain, son inscription dans le monde, sa place dans la société, tout comme la recherche intelligente de son bien-être. A quoi servirait l’art s’il ne sous-entendait un certain accomplissement, voire un dépassement de soi ? Cultiver une pratique artistique ne prend vraiment de sens que si cette expérience débouche sur une meilleure compréhension des autres, de leurs propres interrogations et de leur besoin incessant de donner un vrai sens à leur vie.

En parcourant les œuvres et les notes de Canter Briens, personnalité aux aspects multiples, on est amené à le voir comme une sorte de passeur. Capter et rendre visible les énergies qui élaborent les formes est l’un des objectifs qu’il s’est fixé. On le devine toujours en quête de connaissances et soucieux de l’être humain dans sa globalité, auquel il accorde, il est vrai, une certaine importance dans son œuvre où les portraits viennent éclairer tout un aspect de sa pensée. Se réclamant plutôt de la figuration, bien qu’il s’exprime parfois à la frontière de l’art abstrait (nous pensons à ces aquarelles rehaussées d’acrylique où il flirte avec l’écriture et donne du paysage une image plus diluée que d’ordinaire, comme s’il exprimait une fusion entre les éléments de la nature et la vie intérieure des êtres), Canter Briens est aussi praticien en programmation neurolinguistique (techniques de communication) tout comme il semble s’intéresser aux mécanismes de l’inconscient. C’est dire le vaste champ dont il tente, à lui seul, d’explorer les arcanes.
La mer qui semble relativement présente dans sa peinture n’incarne-t-elle pas l’origine commune de toute vie, la substance matricielle d’où sont nées les formes primitives avant de donner naissance à nos premiers ancêtres ? Parfois, dit-il dans un poème, la toile de fond se tend sur l’horizon et des signes apparaissent comme des ailes. Apprendre à voir surgir les formes revient à s’immerger dans l’espace et le mouvement de l’univers.